J’ai été son fidèle compagnon. Je sais tout de lui à sa façon de s’asseoir. Avec délicatesse lorsqu’il s’agissait de recevoir les parents d’un enfant fragile. Lourdement à la fin de la journée, avec nervosité lorsque le programme de sa journée était dense et qu’il avait la ferme intention de le boucler. Il s’adossait longuement pour murir sa réflexion.
Mon compagnon de travail était un homme sage. Il me tapotait le bras droit de son index et de son majeur, chaque fois qu’il avait au téléphone l’inspectrice académique à la voix perchée et au chignon noué serré. Quand il me caressait les deux bras simultanément, je savais qu’il allait sortir dans la minute. Nous avions une sorte de langage secret, ce qu’il était un peu. Jamais il ne dévoilait un élément de sa vie personnelle. Comme s’il n’était que directeur. Je l’appréciais ainsi parce que je savais alors qu’il n’était qu’à moi. Nous avons eu une longue carrière ensemble.
Il repose dans le cimetière, tout près du pont de Méan. Et moi, je garde sa mémoire en m’exposant discrètement, vêtu de bleu, dans un coin blanc de l’Écomusée.
Véronique Debray
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