Le Grand Café sur la place Carnot

Son aspect austère est le leurre destiné aux ligues de vertu.
Le Grand Café, outre la bonne chair aime la musique et la danse.
Brillamment éclairé de lustres et parsemé d’appliques, il révèle bien avant la nuit tombée, des murs tapissés d’ocre où des affiches colorées exposent la belle vie à Saint-Nazaire.
Au son d’un orchestre, les couples dansent des valses, des mazurkas et…
Scandale !
Des javas !
À petits pas glissés, les mains sur les hanches, des couples offrent leur bonheur d’être là.
La foule des danseurs est traversée par les serveurs, porteurs de lourds plateaux garnis de choucroutes, de bières et de profiteroles au chocolat.
En plus d’être dépensier, comble d’horreur et de déchéance, le Grand Café est ouvertement gourmand et racoleur.
Tous ceux qui passent, observent et envient.
Ils savent qu’ils y entreront un jour et en frémissent d’avance.
Ceux qui le dédaignent sont des pisse-vinaigres mais il s’en moque.

Alain Stigol

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