Construit dans les Chantiers de Penhoët à Saint-Nazaire, le paquebot Ville d’Alger de la Compagnie Générale Transatlantique est principalement destiné à la ligne maritime qui relie Marseille à Alger.
Son lancement, le 4 février 1935, donne lieu à évènement festif majeur dans le port nazairien. Après le traditionnel banquet servi à 13 heures dans la salle des fêtes de la société de constructions navales, les 360 convives composés de personnalités françaises et algériennes rejoignent la foule amassée le long de la cale de lancement.
16 heures, les premiers coups de masse résonnent et les ouvriers abattent un à un les accores latéraux qui soutiennent la monumentale coque du nouveau colosse des mers. Le coup de clairon qui retentit ainsi que le drapeau rouge levé lors de chaque abattement d’étais annoncent l’inexorable et tant redouté moment décisif.
16 heures 10, dans un bruit sourd qu’amplifie le silence pesant de la foule fébrile, la dernière accore tombe sur le sol. Jeanne Bertrand, épouse du ministre de la Marine marchande, s’avance alors d’un pas solennel et regagne l’extrémité de la tribune d’honneur pour accomplir le traditionnel geste destiné à baptiser le navire et à conjurer le mauvais sort. Projetée par la marraine du paquebot, la bouteille de champagne se brise avec fracas sur l’étrave et libère un flot de mousse immaculée. Tandis que la Marseillaise retentit, le Ville d’Alger, affranchie de sa dernière attache, glisse majestueusement sur la rampe recouverte abondamment de suif, gagne la mer et trace son premier sillon argenté sous les acclamations de la foule.