Little America : Au cœur de la base américaine n°1

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Photographie - Crédit(s) : Création : Maelwenn Leduc

La Première Guerre mondiale, commencée en 1914, porte atteinte à l’économie et aux valeurs américaines. Le 6 avril 1917 les États-Unis entrent dans le conflit. En quelques mois, ils constituent une armée, le corps expéditionnaire, et organisent la production du pays pour répondre aux nécessités logistiques.

Les premiers navires quittent New York le 14 juin 1917 pour arriver à Saint-Nazaire le 26. Les Nazairiens ne sont pas informés, le débarquement est tenu secret par crainte de la guerre sous-marine allemande. Jusqu’en octobre 1919, les bateaux qui amènent ou rembarquent les soldats et le matériel constituent un spectacle permanent.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu. Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Cliché Jean-Claude Lemée.

L’écluse sud, inaugurée dix ans plus tôt, est le passage obligé entre l’avant-port et le bassin. Le 27 juin 1917, au lendemain de l’arrivée tenue secrète des quatre premiers transporteurs de troupes, des Nazairiens assistent à l’entrée d’un navire. La musique militaire se fait entendre depuis le pont du bateau où se massent les soldats.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Nommé par le Président Wilson, le général Pershing commande le corps expéditionnaire américain. Il arrive en France le 13 juin 1917, via Boulogne-sur-Mer. À Paris, la population lui réserve un accueil triomphal. Quinze jours plus tard, le train le mène à Saint-Nazaire où il inspecte les installations créées pour les premiers contingents à peine débarqués.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

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Photographie - Crédit(s) : Création : Maelwenn Leduc

Dès le printemps 1917, les autorités locales font valoir les atouts de Saint-Nazaire auprès des représentants américains. La ville dispose de deux vastes bassins à flot, d’une écluse moderne, d’une ligne de chemin de fer vers Nantes, Orléans et Paris, d’ateliers de construction navale équipés de ponts roulants. De vastes terrains aux alentours de la cité semblent propices à l’installation de camps. L’insuffisance en entrepôts et en eau potable ne découragent pas les Américains. Des travaux pourront être exécutés.

La base n°1 du corps expéditionnaire aura donc Saint-Nazaire comme quartier général.

Six autres bases sont ensuite créées : Bordeaux, Londres, Le Havre, Brest, Marseille et La Rochelle.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu. Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

De juin à novembre 1917, Saint-Nazaire est le seul port d’arrivée de troupes sur la façade atlantique. Près de 200 000 soldats débarquent jusqu’à l’Armistice du 11 novembre 1918.

Sur le quai des Grands Puits, des soldats chargent leur paquetage et leurs caisses de matériel sur des véhicules militaires. Puis ils attendent pour rejoindre leur camp de transit.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu. Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

Les navires américains affluent dans les bassins de Saint-Nazaire et de Penhoët. En août 1918, les 15 postes à quai qui leur sont attribués ne suffisent plus.

Certains bateaux mouillent dans le bassin. Le déchargement s’effectuera par des grues fixées sur des pontons flottants.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

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Photographie - Crédit(s) : Création : Maelwenn Leduc

De Saint-Nazaire à Montoir-de-Bretagne, le corps expéditionnaire américain installe douze camps. Le territoire, à la fois urbain et rural, est mis à profit pour loger les soldats et déployer une importante organisation militaire. L’effort de guerre nécessite la réquisition de terrains et de bâtiments publics et privés. Près du port sont regroupés les centres de commandement de la base n°1. Les camps ont des fonctions différentes : cantonnement des unités affectées à Saint-Nazaire ou en transit, montage de matériel et logistique. Des soldats s’emploient à leur aménagement.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Dans le camp n°1, deux cents baraques « Adrian » sont construites par l’armée française pour accueillir les troupes américaines. Le matériel de couchage et de cuisine, importé des États-Unis, complète l’équipement. Lors de l’arrivée des premiers soldats le 26 juin 1917, ce camp d’environ 50 hectares a une capacité de 14 000 hommes.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Alignées au cordeau, les baraques des stevedores, les dockers noirs du camp n°4, dessinent un quartier dans la ville. Entre ce camp et le front de mer, des écuries reçoivent les chevaux utilisés par l’armée américaine. Dans l’estuaire, un convoi de navires escorteurs stationne. La ville née au 19e siècle vit la présence américaine en son cœur. Elle voit sa population doubler.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Le matériel et le ravitaillement importés des États-Unis nécessitent de vastes zones de stockage, avant d’être expédiés au front. Dès le mois de mars 1918, commence à Montoir-de-Bretagne la construction de gigantesques magasins desservis par douze voies de chemin de fer. 198 entrepôts sont déjà bâtis à la signature de l’Armistice en novembre 1918.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Le collège public de garçons de la Briandais est mis à disposition des Américains. L’hôpital 101 y est installé. 1 000 lits accueillent blessés, malades et convalescents.

Bientôt saturé, il est renforcé par une dizaine d’installations complémentaires et par un très grand hôpital de 16 000 places à Savenay, à 25 km de Saint-Nazaire.

Photographie - Crédit(s) : Photographe : L. P. Goldshlag, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

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Photographie - Crédit(s) : Création : Maelwenn Leduc

En 1917, Saint-Nazaire a un atout considérable : une infrastructure ferroviaire performante complète les bassins à flot du port. La ligne de chemin de fer, ouverte en 1857, relie la ville à Paris via Orléans. Pour la plupart des soldats du corps expéditionnaire américain, Saint-Nazaire est une étape. Après quelques jours dans un camp de transit, ils rejoignent des camps d’instruction en France. Manier les armes, s’initier aux moyens de communication… Les doughboys doivent apprendre les rudiments de la guerre moderne avant de rejoindre le front. Le train achemine aussi le matériel et le ravitaillement.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Sur le front, nourrir les hommes nécessite de maintenir les aliments au chaud. Des cuisines roulantes, équipées de fours et de bains-marie, sont fabriquées aux États-Unis et débarquées à Saint-Nazaire. Ces cantines, tractées par des mules ou motorisées, sont ensuite expédiées par le train.

Photographie - Crédit(s) : Photographe : P. D. Miller, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Les doughboys chargent un convoi de chariots destinés au front. Dès l’arrivée de l’armée américaine, des photographies sont éditées en cartes postales.

Diffuser l’image de soldats en action rassure une opinion publique française meurtrie par trois ans de conflit.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Éditeur : A. N. Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

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Photographie - Crédit(s) : Création : Maelwenn Leduc

Pour accueillir les hommes et le matériel du corps expéditionnaire américain, les infrastructures existantes s’avèrent insuffisantes. Les besoins en eau et en réseaux de communications explosent. L’armée bâtit et aménage bien au-delà du territoire communal.

Construit en eau profonde après dragage du lit de la Loire, l’appontement de Montoir-de-Bretagne repose sur 8 940 pieux et 6 200 pilotis. Il doit faciliter le déchargement des navires et résoudre le problème de l’encombrement des bassins nazairiens. Sur les 1 000 mètres prévus, seuls 400 sont achevés et opérationnels à la fin du conflit.

Photographie - Crédit(s) : Photographe : F. T. Morris, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Le matériel et les denrées débarqués pour les Américains occupent les trois quarts des hangars autour du port. Leur acheminement nécessite de développer les voies ferrées de desserte.

Le service du génie de l’armée américaine et celui des Ponts et Chaussées français unissent leurs efforts. Ils réalisent un pont en charpente de bois afin de franchir aisément l’écluse est.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

La présence américaine accroît considérablement la population nazairienne. L’approvisionnement en eau, déjà délicat, se complique. L’étang du Bois-Joalland à Saint-Nazaire, le lac de Savenay ou la station de pompage sur la rivière du Brivet sont créés en quelques mois pour y remédier. Des canalisations les relient à des citernes construites dans les camps ou en ville.

Photographie - Crédit(s) : Photographes : F. T. Morris, inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Le passage intensif des automobiles et des camions américains détériore les chaussées nazairiennes. Face au mécontentement des habitants, le corps expéditionnaire répare les voiries endommagées.

Importé des États-Unis, le camion Mack AC, surnommé le bulldog en raison de sa fiabilité sur les champs de bataille, s’adapte à tous les usages !

Photographie - Crédit(s) : Photographe : S. C. Richard, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Aux États-Unis, l’entrée dans le conflit décidée par le président Wilson est peu populaire. Elle nécessite de justifier de l’action des soldats et de l’utilisation de l’argent public auprès des citoyens américains. Conditionné par cette mission, le regard des photographes du renseignement militaire offre une vision de ce moment d’histoire partagée entre les États-Unis et la France dont la présence à Saint-Nazaire devient un maillon.

Photographie - Crédit(s) : Création : Maelwenn Leduc. Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre

Tic… Tac… Les mois passent, Saint-Nazaire se transforme et les soldats américains deviennent une présence quotidienne pour les Nazairiens.

Poursuivez avec le deuxième volet de cette exposition photographique, Little America : Saint-Nazaire à l’heure américaine.

Photographie - Crédit(s) : Création : Maelwenn Leduc