Nazairiens en ville

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Photographie - Crédit(s) : Création graphique : Camille Maillet. Saint-Nazaire Agglomération Tourisme

Après d’épuisantes années de conflit et d’occupation, les Nazairiens doivent encore attendre le retour à une vie normale. La guerre a laissé derrière elle une ville détruite à près de 85 %. Sous la direction de Noël Le Maresquier, architecte en chef, la cité entame sa reconstruction. Tout est à refaire, ou presque.

Pousser, soulever, découper, dessiner, peindre… Aux chantiers navals ou en ville, dans le vacarme de l’industrie ou le silence des bureaux, dans la chaleur des fourneaux ou le froid de l’hiver, le geste se fait précis et concentré. La main de l’homme est le principal outil.

Photographie - Construction préfinancée rue Jean d’Ust, qui deviendra bientôt l’avenue de la République, principale artère commerçante et nouvel axe de la ville.

Crédit(s) : Photographe : inconnu. Collection particulière. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme - Écomusée.

Avant de laisser le champ libre aux architectes et aux urbanistes, les Nazairiens font de la place. De longues opérations de déminage, de déblaiement et de réhabilitation de la ville sont menées. En 1947, des ouvriers s’attèlent à la réfection des routes avec un procédé « moderne » : le tarmacadam, mettant en œuvre du goudron (tar en anglais).

Photographie - Ouvriers procédant à la réfection de la voirie, boulevard de Lesseps, en mai 1947.

Crédit(s) : Photographe : inconnu. Collection des Archives municipales de Saint-Nazaire. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme - Écomusée.

Lourdement détruits par les bombardements, les réseaux électriques sont une priorité. À l’heure de la reconstruction d’urgence, la distribution de l’énergie est indispensable. La pose des lampadaires marque l’achèvement de la rue Villes-Martin, actuelle avenue du général de Gaulle, et une amélioration des conditions de vie.

Photographie - Ouvriers procédant à la pose d’un lampadaire, rue Villès-Martin, actuelle avenue du général de Gaulle.

Crédit(s) : Photographe : Philippe Baudry. Collection des Archives municipales de Saint-Nazaire. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

Au bureau, dans les commerces ou dans l’industrie, les Nazairiens s’activent. Les Fonderies de Saint-Nazaire, situées à Penhoët, sont un maillon essentiel de la reprise économique de la ville. Elles fournissent aux chantiers navals les pièces en acier dont ils ont besoin.

Photographie - Ouvriers au travail aux fonderies de Saint-Nazaire vers le 15 avril 1952.

Crédit(s) : Photographe : inconnu. Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Ouest France.

Occupés, bombardés par l’aviation alliée, dans l’immédiat après-guerre, les chantiers navals sont fortement endommagés. De nombreux ouvriers nazairiens participent à leur reconstruction. La reprise économique est rapide. Dès 1947, les chantiers navals dépassent la capacité de production atteinte en 1938.

Photographie - Ouvriers procédant à la pose d'une hélice de navire vers 1955.

Crédit(s) : Photographe : inconnu. Collection particulière Feher. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

En 1955, c’est l’heure du rassemblement. Les Chantiers de l’Atlantique naissent de la fusion des Ateliers et Chantiers de la Loire et des chantiers de Penhoët. Ils emploient alors environ 10 000 salariés. Petit à petit, les techniques de construction se modernisent. La soudure remplace progressivement le rivetage comme procédé d’assemblage des tôles, et la préfabrication en ateliers fait son apparition.

Photographie - Soudeurs procédant à des soudages sur un bloc prémonté dans un atelier de préfabrication des Chantiers de l'Atlantique, vers 1956.

Crédit(s) : Photographe : inconnu. Collection particulière Feher. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

Pour beaucoup, le retour à Saint-Nazaire leur demande de repartir de zéro. 80% des logements sont détruits, 45 000 habitants se retrouvent sans toit. En attendant des logements neufs, les sinistrés participent à la construction de bungalows. Ils seront des années durant leur maison provisoire.

Photographie - Des hommes procèdent au montage d’un bungalow américain de type UK 100 au début des années 1950.

Crédit(s) : Photographe : André Colombel. Collection particulière André Colombel. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

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Photographie - Crédit(s) : Création graphique : Camille Maillet. Saint-Nazaire Agglomération Tourisme

La Reconstruction et le redémarrage de l’économie entraînent le pays dans une période de forte croissance : les Trente Glorieuses. Le niveau de vie national augmente. Saint-Nazaire ne fait pas exception. Dans les années 1950, l’objectif est de faire de la cité une ville d’avenir, symbole de modernité.

Durant trois décennies, les Nazairiens vont s’approprier et découvrir une société en pleine métamorphose. Logements et commerces, provisoires ou définitifs, voitures, écoles, tout est nouveau ! Le portrait de chacun, seul ou en famille, met en scène des plaisirs simples dans une ville et une société en mutation.

Photographie - Un homme porte son enfant dans les bras devant un bungalow des années 1950, situé à l'emplacement de l'actuel passage Henri Gautier.

Crédit(s) : Photographe : inconnu. Collection particulière Albert Guyomarc’h. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme - Écomusée.

Les écoles sont les premiers édifices publics reconstruits. Les enfants des années 1950 poursuivent leur scolarité dans des bâtiments neufs et modernes. Les classes sont équipées de planchers chauffants et des préaux protègent la cour. Cerceaux, billes, cordes à sauter et élastiques y font le bonheur des élèves.

Photographie - Des enfants jouent dans la cour de l'école Gambetta vers 1960.

Crédit(s) : Photographe : Paul Lemasson. Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Lemasson.

Le relogement n’attend pas ! Un peu partout dans Saint-Nazaire des cités provisoires sortent de terre. Malgré un équipement sommaire et un confort minimum, les Nazairiens apprécient les bungalows. Ils y bénéficient d’eau courante, d’une cuisinière à gaz, d’un chauffe-eau et d’un bout de terrain où aménager un jardin potager.

Photographie - Famille prenant possession de son bungalow de type UK 100, encore inachevé, sur le boulevard de Sautron, en 1947.

Crédit(s) : Photographe : Georges Tuauden. Collection particulière Georges Tuauden. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme - Écomusée.

Au fur et à mesure de la Reconstruction, les habitants quittent les baraquements pour investir des logements neufs, parfois collectifs. Achevé en 1955, le « Building », avec ses pilotis en rez-de-chaussée et ses 11 étages, constitue un bel exemple d’architecture moderne.

Photographie - Femme posant devant le Building en construction à Saint-Nazaire vers 1953.

Crédit(s) : Photographe : Photo Goldner. Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme - Écomusée.

La municipalité lance la construction de plusieurs programmes d’Habitations à Loyer Modéré (HLM). Les premiers sont habités dès 1950 rue Gambetta. Chauffage central, cuisine moderne, salle de bain… Les Nazairiens découvrent le confort des appartements neufs, spacieux et rationnalisés. L’hygiène et le fonctionnel priment désormais dans l’espace domestique.

Photographie - Portrait de famille dans un appartement H.L.M. à l’occasion d’un mariage en 1959. Le poste de radio, dans la pièce voisine, n’a pas encore été détrôné par la télévision.

Crédit(s) : Photographe : inconnu. Collection particulière Jacques Lhéritier. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

En attendant la future avenue de la République encore en plein aménagement, la place Marceau devient l’un des lieux les plus vivants et les plus populaires du centre-ville. Une soixantaine de commerçants ouvrent une boutique dans son centre commercial provisoire. Les privations dues aux conséquences de la guerre s’éloignent.

Photographie - Groupe devant un commerce du centre commercial provisoire Marceau regroupant les principaux commerçants : alimentations, vêtements, pharmacie, café, et le syndicat d’initiative.

Crédit(s) : Photographe : Yvette Voileau. Collection particulière Yvette Voileau. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

Dans les années 1950, l’automobile part à la conquête des Français. Ultime symbole de modernité et de progrès, elle devient un objet de distinction sociale. Bien coûteux pour les ménages modestes, la Dauphine de Renault fut pourtant l’automobile la plus vendue de 1957 à 1961.

Photographie - Enfants et une Dauphine devant un baraquement de cité provisoire.

Crédit(s) : Photographe : Paulette Lanuel. Collection particulière Paulette Lanuel. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

À côté de ce vaste chantier qu’est la Reconstruction, les Nazairiens renouent avec des plaisirs simples. Les bains de mers se démocratisent et c’est avec plaisir que les familles se rendent à la plage. Enfants comme adultes redécouvrent ce terrain de jeux qui leur était interdit en temps de conflit et jugé trop dangereux dans l’immédiat après-guerre.

Photographie - Groupe sur la plage dans les années 1950.

Crédit(s) : Photographe : inconnu. Collection particulière Michel Sire. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

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Photographie - Crédit(s) : Création graphique : Camille Maillet. Saint-Nazaire Agglomération Tourisme

La joie de vivre semble envahir la ville, les Nazairiens se rassemblent autour de manifestations culturelles et sportives, parfois par milliers. Ils renouent avec des pratiques collectives, réinvestissent les clubs de sport et les associations de la ville.

Des grands et petits bonheurs de la vie privée aux activités partagées, la jeunesse est présente partout. Poussée par une explosion des naissances sans précédent, la France gagne 10 millions d’habitants en 20 ans. Pour les Nazairiens qui ont connu la guerre, l’enfant représente l’espoir d’un avenir apaisé.

Photographie - Les cadettes du club de l’étoile de Saint-Nazaire, en 1959.

Crédit(s) : Photographe : inconnu. Collection particulière Thérèse Gautier-Lachiche. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

Aucune école publique nazairienne n’a survécu à la Seconde Guerre mondiale. Avec le baby-boom et l’instruction obligatoire de 6 à 14 ans, les premières classes sont rapidement saturées. La construction d’une douzaine de groupes scolaires devient prioritaire. De nombreuses innovations voient le jour dans l’aménagement de ces lieux dédiés à l’enseignement.

Photographie - À la rentrée scolaire 1954, les classes ne sont pas encore mixtes. À la nouvelle école Jean Jaurès ou à l’école de garçons Jean Macé, les élèves posent pour la traditionnelle photographie de classe.

Crédit(s) : Détail. Photographe : Michel Thibaud. Collection particulière Anne Beaugé. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée / Détail. Photographe : inconnu. Collection particulière Loïc Le Teuff. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée

La Ville, sous la direction du maire François Blancho, investit beaucoup dans les infrastructures sportives. La pratique est facilitée par l’émergence d’un grand nombre de clubs dans les années 1950. Les trois principaux sont L’Étoile, l’Union Méan-Penhoët et le Saint-Nazaire Omni-Sport.

Photographie - Le club l’Étoile comporte plusieurs sections : basket-ball, gymnastique, football, athlétisme, haltérophilie, fanfare…

Crédit(s) : Photographe : inconnu. Collection particulière Pierre Balavoine. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

Saint-Nazaire est l’une des villes françaises les plus sportives de l’après-guerre. De grands événements gymniques animent régulièrement le parc des sports du Plessis dont le portail arbore fièrement le blason de la ville. Ils s’ouvrent avec une scène symbolique et artistique à laquelle participent des dizaines de jeunes gymnastes.

Photographie - Le week-end du 23, 24, et 25 mai 1958, la ville accueille la 69ème fête fédérale internationale de gymnastique féminine au parc des sports du Plessis, sous l’œil de 20 000 spectateurs.

Crédit(s) : Photographe : Paul Lemasson. Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

Le 11 mai 1960, 100 000 personnes se pressent sur le port de Saint-Nazaire. La construction du paquebot France, qui rythme régulièrement l’actualité nazairienne, atteint une étape décisive. Les Nazairiens sont aux premières loges, quitte à manquer l’école, pour assister au lancement en famille.

Photographie - Une famille pose le jour du lancement du paquebot France (1962) depuis le toit de la base sous-marine.

Crédit(s) : Photographe : inconnu. Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée

À partir de 1953, la salle de la Mutualité, aujourd’hui disparue, est un lieu incontournable de la vie sociale. Bals, concerts, conférences, elle accueille nombre d’assemblées associatives et de manifestations festives. Quelle fierté pour les enfants de participer à un défilé de mode !

Photographie - Les spectateurs assistent au défilé d’une enfant lors d’un évènement organisé en mars 1960, dans la salle de la Mutualité.

Crédit(s) : Photographe inconnu. Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Ouest France.

Le café, haut lieu de convivialité avant comme après la guerre, reste un lieu incontournable de la vie sociale. En 1960, le chanteur Jacques Higelin, accoudé au comptoir, partage un verre au café Paul Bert, à Penhoët, lors du tournage du film Le bonheur est pour demain.

Photographie - Le propriétaire du café Marcel Delaunay pose avec les acteurs du film : Jacques Higelin, le guitariste Henri Crolla et l’actrice Gina Manès.

Crédit(s) : Photographe : inconnu. Collection particulière Marcel Delaunay. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée

La populaire avenue de la République, nouvelle artère commerçante de la ville, est adoptée par les Nazairiens. Dans la perspective : l’Hôtel de Ville, inauguré le 28 février 1960 est le dernier grand édifice public construit dans le cadre de la procédure de reconstruction. Après les sinistres de la guerre, la ville et ses habitants marchent vers des temps nouveaux.

Photographie - Deux jeunes gens et leur grand-mère se promènent devant les commerces de la nouvelle avenue de la République en 1960.

Crédit(s) : Photographe : inconnu. Collection particulière Anne Beaugé. Cliché Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.