Little America : Saint-Nazaire à l’heure américaine

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Photographie - Crédit(s) : Création : Maelwenn Leduc

Saint-Nazaire est l’épicentre de la base n°1, étendue sur plusieurs départements de l’Ouest. En soutien aux soldats combattants au front, des hommes et des femmes se consacrent à de multiples tâches. Réunis au sein des services du ravitaillement, les Services of Supply, ils sont les acteurs de la logistique.

Intendance, génie, police militaire, santé, transports, transmissions… Tous sont présents à Saint-Nazaire. La répartition des travaux obéit à la ségrégation raciale en vigueur aux États-Unis. Les dockers noirs stationnés à Saint-Nazaire effectuent des besognes pénibles dans des conditions difficiles.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Les mécaniciens du Transport Motor Corps assemblent les pièces de ce qui deviendra une voiture. Le camp n°8, situé sur le nouveau boulevard maritime à Villès-Martin, est affecté au montage automobile. Durant la présence américaine à Saint-Nazaire, ses ateliers ont réparé 20 000 véhicules.

Photographie - Crédit(s) : Photographe : P. D. Miller, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Tout de verre et de métal, cet atelier est édifié par le corps expéditionnaire américain dans le camp n°7 début 1918. Les camions y sont assemblés et identifiés avant d’être attribués à une unité. Le Transport Motor Corps incite les hommes à s’enrôler en leur assurant une formation de mécaniciens.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Au sein des Services of Supply, les pompiers disposent de deux casernes en ville bâties autour des bassins. Ils construisent des réserves d’eau à proximité. Leurs camions avec pompes et produits chimiques font sensation. Comme beaucoup d’autres unités, ils adoptent un chien. Cette mascotte cimente le groupe autour d’une identité symbolique.

Photographie - Crédit(s) : Photographe : A. Q. Smith, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Arrivés avec les premiers convois de navires le 26 juin 1917, ces médecins militaires, ces infirmières et ces cuisiniers inaugurent l’hôpital 101 à Saint-Nazaire le 6 juillet.

Dès l’été, les États-Unis savent que les répercussions du conflit seront très importantes en nombre de blessés et de morts.

Photographie - Crédit(s) : Photographe : W. W. Soper, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

10 août 1917 : la première poste militaire américaine ouvre à Saint-Nazaire. La crainte de la divulgation d’informations stratégiques rend le contrôle postal indispensable… Et très actif.

Les censeurs trempent dans un bain chimique les lettres suspectées de contenir un message secret. Il ne reste plus qu’à les faire sécher sur un fil à linge !

Photographie - Crédit(s) : Photographe : W. W. Soper, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

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Photographie - Crédit(s) : Création : Maelwenn Leduc

Quand il n’est pas consacré à l’instruction, aux manœuvres ou au travail lié à la logistique, le quotidien des soldats, de passage ou cantonnés à Saint-Nazaire, est fait des actes les plus simples : se nourrir et prendre soin de soi.

Des distractions, activités sportives ou spectacles, leur permettent de conserver forme et moral, alors que leur présence en France est une promesse de danger.

Grâce à quelques lignes au dos d’une carte postale, les doughboys maintiennent le lien affectif avec leur famille et réduisent symboliquement les milliers de kilomètres de séparation. L’attente des nouvelles est soumise à environ trois semaines d’acheminement. Le courrier est l’oxygène des troupes.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Dans les camps, la pratique des sports de groupe est encouragée. Elle maintient la bonne forme physique des soldats et participe à la cohésion des troupes.

Ces moments de temps libre éloignent provisoirement la réalité du conflit. Les hommes jouent au base-ball, au football, au basket-ball ou à la lutte à la corde, alors discipline olympique.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Les organisations américaines de bienfaisance œuvrent pour le maintien du moral des doughboys loin de leur pays. L’association YMCA, Young Men’s Christian Association, participe à la création de foyers du soldat. Dans celui du camp de Penhoët, des spectacles, procurent des instants de gaieté aux troupes.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

L’hôpital militaire 101, de 1 000 lits, est le premier que le corps expéditionnaire américain ouvre en France. Les patients sont répartis par type de maladies, bénignes ou graves, contagieuses ou non. Dans la salle 4A, sont traitées les affections des oreilles. Le quotidien de ces hommes se résume alors aux soins et à l’attente.

Photographie - Crédit(s) : Photographe : L. P. Goldshlag, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Pour les habitants du boulevard de l’Océan, le passage des soldats se répète durant 29 mois. Le 5 avril 1918, l’occasion est particulière. Une fanfare américaine défile pour le premier anniversaire de l’entrée en guerre des États-Unis. Les musiciens engagés dans l’armée peuvent continuer à exercer leur art dans les fanfares et orchestres militaires.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Le 24 mai 1919, le front de mer est le théâtre d’une course à pied. Une fois l’Armistice signée, il faut occuper les soldats qui attendent leur retour au pays avec impatience.

Cet événement au cœur de la ville renforce les liens avec les Nazairiens.

Photographie - Crédit(s) : Photographe : J. M. Liles, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

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Photographie - Crédit(s) : Création : Maelwenn Leduc

Si la première arrivée des troupes américaines est tenue secrète, les jours suivants c’est un accueil en fanfare ! La foule se presse dans les rues, les enfants accompagnent la marche, les drapeaux jalonnent le parcours.

Pendant des mois, les Nazairiens vivent le ballet des déchargements portuaires quasi incessants, le martèlement du pas cadencé des troupes, la pétarade des side-cars… Lors de leur temps libre, les soldats cantonnés à Saint-Nazaire flânent dans les rues, achètent quelques cartes postales dans les commerces et découvrent une population en partie chaussée de sabots. Les échanges demeurent toutefois limités, l’essentiel des activités des soldats se déroule dans les camps.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Des Nazairiens, réunis à l’angle du quai du commerce près du bassin, observent les premiers contingents venus des États-Unis. Adultes, enfants et gendarmes, les tenant à distance, semblent impressionnés. Ces premiers regards entre la population et le corps expéditionnaire inaugurent des mois de cohabitation.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Le 4 juillet 1917, encouragés par la municipalité, les Nazairiens assistent à un concert donné au pied des quatre horloges devant le Grand Café. Débarqués depuis quelques jours, les soldats de l’armée américaine jouent à l’occasion de l’Independence Day, fête nationale des États-Unis. Ils manifestent ainsi l’amitié entre les deux nations.

Photographie - Crédit(s) : Photographe Inconnu. Éditeur N. A. Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée.

Depuis le début du conflit, les femmes suppléent à l’absence des hommes partis au front. Le Labor Office, une section des services logistiques américains, recrute de la main d’œuvre locale qui profite ainsi d’un salaire. Le sourire adopté pour la photo ne fait pas oublier le rapport de subordination entre le soldat qui surveille et les femmes qui déchargent des matelas.

Photographie - Crédit(s) : Photographe : L. H. Mclaughlin, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Durant la guerre, les conditions de vie sont rudes pour la population, les matières premières viennent à manquer, les prix augmentent. Le commandement du camp n°7, situé entre le centre-ville et le réservoir d’eau du Bois-Joalland, autorise l’accès de son dépotoir à des paysans nazairiens. Ils y récupèrent des chutes de bois et autres matériaux.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Portant canotiers et toilettes soignées, des Nazairiens semblent en visite dans un camp de transit. La population nazairienne accueille avec sympathie ces jeunes soldats américains, considérés comme des sauveurs. Le sentiment positif devient ambivalent après l’Armistice du 11 novembre 1918. Les Nazairiens, dans l’attente du retour des hommes partis au front, supportent avec difficulté les désagréments causés par la présence du corps expéditionnaire.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

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Photographie - Crédit(s) : Création : Maelwenn Leduc

2 millions de tonnes de matériel débarquées à Saint-Nazaire en 1917 et 1918, 500 navires dédiés à leur transport, 33 590 m² de hangars publics ou privés utilisés sur les 40 000 m² existants autour du port, les chiffres donnent la mesure des ressources nécessaires à l’armée américaine. Pour nourrir les troupes et les chevaux, les transporter, les équiper, les soigner, la presque totalité du ravitaillement est importée des États-Unis.

La ville devient un carrefour. La plupart des hommes et des marchandises ne font que transiter. Malgré les moyens mis à disposition par les autorités locales, les infrastructures de stockage et d’acheminement sont insuffisantes. Le corps expéditionnaire bâtit et aménage pour répondre aux besoins colossaux.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Les vivres et le matériel importés saturent la capacité de stockage des ports de Saint-Nazaire et de Nantes. À Montoir-de-Bretagne, débute en mars 1918 la construction de 650 hectares d’entrepôts. Les plus longs mesurent 154 mètres. Ce gigantesque camp, construit sur des prairies humides, nécessite six millions de mètres cubes de terrassement pour conserver les stocks au sec.

Photographie - Crédit(s) : Photographe : F. G. Carnochan, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Les chevaux restent très utilisés par le corps expéditionnaire américain. De vastes écuries sont installées dans les dépendances du casino, boulevard de l’Océan.

42 500 bêtes transitent par ce dépôt de remonte. Pour les nourrir, les cargaisons de foin proviennent des grandes plaines du centre des États-Unis.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Tout comme l’armée française, le corps expéditionnaire est dépendant du charbon pour le fonctionnement des machines. Les bassins houillers du Nord de la France étant occupés par l’armée allemande, cette source d’énergie devient rare. Grand importateur de charbon de Grande-Bretagne, le port de Saint-Nazaire n’en devient que plus important.

Photographie - Crédit(s) : Photographe : R. W. Sears, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Dans le camp n°1, sept magasins vendent aux soldats les saveurs du pays. Bonbons acidulés, tablettes de chocolat ou de chewing-gum, conserves de soupes, cigarettes complètent les rations initiales. L’armée américaine importe tous les vivres nécessaires à ses troupes. La France ne peut supporter un tel effort, les rendements agricoles sont au plus bas après trois années de guerre.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

En cigarettes, à rouler ou à mâcher, le tabac apporte du réconfort aux soldats. Chacun reçoit une ration de 113 grammes par jour. 20 millions de cigares et 425 millions de cigarettes sont achetés chaque mois par l’armée américaine pour l’importation vers la France de 1917 à 1919.

Photographie - Crédit(s) : Photographe : P. D. Miller, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Le camp n°8 est un parc d’assemblage et de réparation automobiles, situé à Villès-Martin face à la mer. Camions citernes à essence ou à eau, voitures ambulances, fourgons postaux, véhicules de liaison… La diversité et la profusion contrastent avec la situation nazairienne où l’automobile est encore rare au début du 20e siècle.

Photographie - Crédit(s) : Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Les Ateliers et Chantiers de la Loire à Penhoët sont transformés en camp n°9. Les grandes halles de construction navale sont reconverties pour l’effort de guerre.

Dès le mois de juillet 1917, les unités américaines préparent des trains de combat armés de canons livrés par l’armée française. Ils rejoindront le front, tractés par des locomotives Baldwin.

Photographie - Crédit(s) : Photographe : L. H. Mclaughlin, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre.

Aux États-Unis, l’entrée dans le conflit décidée par le président Wilson est peu populaire. Elle nécessite de justifier de l’action des soldats et de l’utilisation de l’argent public auprès des citoyens américains. Conditionné par cette mission, le regard des photographes du renseignement militaire offre une vision de ce moment d’histoire partagée entre les États-Unis et la France dont la présence à Saint-Nazaire devient un maillon.

Photographie - Crédit(s) : Création : Maelwenn Leduc. Photographe inconnu, Signal Corps (USA). Collection Saint-Nazaire Agglomération Tourisme – Écomusée. Fonds Archives de Guerre

Le 11 novembre 1918, la signature de l’Armistice marque la fin des combats de la Première Guerre mondiale. Pendant un an, le rembarquement massif des soldats va à nouveau modifier le paysage nazairien.

Retrouvez bientôt une autre facette de la présence américaine avec le troisième volet de Little America : Trajectoires contrariées.

Photographie - Crédit(s) : Création : Maelwenn Leduc