Éditée dans l’immédiat après-guerre, à l’heure où la ville n’est plus qu’un champ de ruines, cette carte postale dépeint un Saint-Nazaire pimpant, paisible et coloré, empreint d’une certaine nostalgie.
Le Nazairien, un homme de la mer
Au premier plan, un homme accroche le regard. Sa tenue offre une vision romantique du marin breton d’autrefois avec son couvre-chef noir dont les rubans volent au vent, son tricot rayé révélant le tatouage d’une ancre marine, sa ceinture large, son pantalon de toile bleue et ses chaussures cirées.
Un cordage dans les mains, comme interrompu dans sa tâche, il se tient droit, fier, sur le pont de son embarcation, les yeux résolument portés vers l’océan et vers le bourg du vieux Saint-Nazaire. Divers navires de pêche et de commerce créent une toile de fond maritime vivante.
Le môle d’abri, premier équipement portuaire de Saint-Nazaire
Légèrement accentué dans sa hauteur par la perspective en contre-plongée, le môle d’abri est reconnaissable. Achevé en 1835, il protège le port d’échouage et de mouillage de l’envasement et des tempêtes. Il fourni également la première possibilité d’appontement pour les navires. Son phare de 5,50 m de haut est mis en service l’année suivante. Aujourd’hui connu sous le nom de phare du vieux môle, il a été réhaussé en 1904. À eux deux, ils forment le premier équipement portuaire de Saint-Nazaire à une époque où les bassins n’existent pas encore.
Le quartier du vieux Saint-Nazaire
L’église trône au centre du dessin. Héritée du 16e siècle, son clocher élevé et pointu sert d’amer, un point de repère, pour les navigateurs. Vétuste, elle sera détruite en 1896. À gauche de l’image, des maisons construites sur des parapets en pierre érigés à même les rochers, s’étirent le long de la rue Neuve. Elle constitue l’une des quatre rues principales de la bourgade aux venelles médiévales étroites. 635 habitants y vivent quotidiennement : lingères, artisans, notables, commerçants et surtout pilotes-lamaneurs. Ces derniers, en professionnels de l’estuaire, dirigent les navires le temps d’entrer et de remonter la dangereuse Loire.
Aperit et nemo claudit
Ce portrait d’un Saint-Nazaire presque entièrement disparu sous les bombes et les évolutions du port au moment de l’édition de cette carte postale, est identifié par des armoiries. Elles figurent une nef surmontée d’une voile sur laquelle est représentée une clef. Dans la partie supérieure, une deuxième clef repose sur un bandeau d’hermines bretonnes. Ce symbole doublement présent reflète la devise de la Ville : « Elle ouvre et personne ne ferme » et son surnom, la porte de l’estuaire.