Le paquebot Normandie, un défi pour les décorateurs
À la fin des années 1920, la Compagnie Générale Transatlantique passe une commande exceptionnelle aux Chantiers de Penhoët : celle du paquebot Normandie. Un paquebot qui devra être à la fois le plus rapide, le plus grand et le plus luxueux du monde. Un défi de taille pour les chantiers… et les décorateurs.
Pour ces derniers, le navire devient un véritable terrain de jeu. Près de 70% des espaces sont dédiés aux passagers de 1re classe, alors qu’ils ne représentent que 43% des voyageurs. Les espaces qui leur sont réservés doivent être monumentaux, richement décorés et particulièrement soignés. Pour s’assurer de la cohérence du résultat, la décoration des différents espaces confiée à quelques architectes-décorateurs. Ces derniers donnent les grandes lignes d’aménagement d’un espace et choisissent les artistes qui conviennent à leur projet.
La chapelle, lieu de culte et de modernité
Le duo d’architectes-décorateurs formé par Pierre Patout et Henri Pacon reçoit l’aménagement d’espaces prestigieux en 1re classe : la salle à manger, le hall d’embarquement, la piscine ainsi que la chapelle. Cette dernière est, malgré sa plus petite taille, un espace novateur. Avec la mise en service de l’Ile-de-France en 1927, la Compagnie Générale Transatlantique est la première au monde à proposer une chapelle sur un paquebot. Avant les voyageurs se contentent d’un autel portatif. Normandie n’est donc que le deuxième paquebot de la compagnie à offrir le luxe d’un espace dédié aux cultes chrétiens.
Alfred Lombard et la chapelle de Normandie
La décoration peinte de l’abside et de la voûte est confiée par le duo au peintre Alfred Lombard. Celui-ci connaît bien Pierre Patout. Il a collaboré avec lui à la décoration de la chapelle de L’Atlantique de la Compagnie de navigation Sud-Atlantique en 1931.
Sur cette maquette à taille réduite de l’abside, l’artiste peint la Sainte Face comme si les traits du Christ s’étaient miraculeusement imprimés sur le mur de la chapelle de Normandie. Cette proposition ne sera finalement pas retenue. Elle sera remplacée par le christogramme IHS, abréviation de Jésus-Christ, au centre d’une mandorle, cette forme ovale qui entoure les personnages sacrés.
Cette modification s’explique par la double destination du lieu : catholique et protestante. Dans les temples protestants réformés, l’image est souvent absente voire interdite. L’aménagement de la chapelle de Normandie est donc pensé en conséquence : des volets sculptés d’une croix et de citations bibliques masquent les panneaux du chemin de croix alors qu’une paroi coulissante cache l’autel réalisé par les frères Martel.
Envie d’en voir plus ?
Pour découvrir d’autres objets de collection provenant du paquebot Normandie, consultez le portail des collections en renseignant « Normandie » dans la barre de recherche. Pour les approcher au plus près, visitez Escal’Atlantic.
Belle découverte !