Pourquoi un insigne en forme de poche ?
L’été 1944 marque le début de la libération du territoire français par les Alliés. Partie des plages normandes, l’avancée des troupes est rapide entre la fin juillet et la mi-août. Le 4 août, Rennes est libérée, le 12 août c’est au tour de Nantes. Prise au dépourvu, l’armée allemande se replie vers ses lieux stratégiques, les principaux ports de la façade atlantique. Saint-Nazaire ne fait pas exception. Avec l’édification de sa base sous-marine, l’armée allemande y domine l’estuaire et est protégée par une véritable forteresse.
Aidée de la Résistance, l’armée américaine se dirige vers Quiberon et la Vendée. De leur côté, 32 000 soldats allemands stabilisent un front entre la Vilaine, le canal de Nantes à Brest, Savenay et Pornic. Avec eux, ils enferment 124 000 civils sur un territoire de 1 800 km² : la Poche de Saint-Nazaire.
Après 4 ans de guerre, et alors que la France est libérée, les habitants subissent 9 nouveaux mois d’occupation. Les conditions de vie sont très difficiles : fortes restrictions alimentaires, froid, bombardements, réquisitions, absence d’électricité… Les empochés sont coupés du reste de la France, séparés de leur famille.
Ultime résistance dans la poche de Saint-Nazaire
Pour manifester leur isolement et leur patriotisme, certains civils se créent des insignes. Celui-ci a été porté par Germaine Queruau Lamerie, nazairienne réfugiée à Mesquer pendant la guerre. Le statut d’empoché est doublement signifié par le mot et par la forme de l’insigne. Ce sac traduit bien le sentiment d’enfermement que ressent la population vis-à-vis du reste du pays. Peint à la main, il redonne sa place au drapeau tricolore sans les symboles pétainistes. Arboré sur la poitrine, il est un acte fort de refus placé sous les yeux de l’occupant.
La Poche de Saint-Nazaire est officiellement libérée le 11 mai 1945 à la suite de la capitulation allemande. Elle est le dernier territoire français libéré.