3 septembre 1939 : Déclaration de guerre
Le chancelier allemand Adolf Hitler envahit la Pologne. La France et le Royaume-Uni répliquent en déclarant la guerre à l’Allemagne. Cette offensive nazie fait basculer l’Europe dans la Seconde Guerre mondiale.
10 mai - 22 juin 1940 : Drôle de guerre
Après plusieurs mois où Français et Allemands restent retranchés derrière leurs lignes, Adolf Hitler lance une offensive en mai 1940. L’armée française, pourtant considérée comme la première au monde, est défaite en moins de deux mois.
Avec l’opération Dynamo, les troupes britanniques évacuent le pays en urgence depuis de nombreux ports, dont Saint-Nazaire.
22 juin 1940 : Armistice et début de l’occupation de Saint-Nazaire
La France, représentée par le maréchal Pétain, signe l’armistice avec l’Allemagne nazie. L’occupation partielle du territoire est actée.
Ce même jour, l’armée allemande entre dans Saint-Nazaire après qu’une avant-garde motorisée soit arrivée la veille. La Kommandantur s’installe au Grand Hôtel, rue Villès-Martin, actuelle avenue du général de Gaulle.
Juillet - Octobre 1940 : Bataille d’Angleterre
L’Allemagne nazie souhaite étendre sa domination jusqu’en Grande Bretagne.
La Luftwaffe, armée de l’air allemande, bombarde l’Angleterre. Les attaques tuent plus de 40 000 britanniques.
Au bout de quelques mois, Adolf Hitler abandonne sa tentative d’invasion pour se concentrer sur l’URSS.
1941 : Bataille de l’Atlantique
Commencée en septembre 1939, la bataille de l’Atlantique fait rage. La Kriegsmarine met en place un blocus maritime contre le Royaume-Uni. Des centaines de navires de commerce venus ravitailler les îles britanniques sont coulés. Les répercussions économiques se font durement sentir sur la population, le moral est au plus bas.
Janvier - Février 1942 : Rendre possible l’impossible
À la demande de Winston Churchill, Lord Louis Mountbatten, chef de la Direction des Opérations Combinées est chargé d’empêcher la venue du cuirassé Tirpitz dans l’Atlantique.
Avec le conseiller naval John Hughes-Hallet et le planificateur naval Davis Luce, ils échafaudent une opération commando visant à rendre la forme-écluse Joubert inutilisable.
25 février 1942 : 2 plans en 1
Le comité des chefs d’état-major britannique accepte l’opération.
L’idée principale : détruire la porte d’accès de la forme-écluse à l’aide d’un navire bélier rempli d’explosifs à retardement.
Elle est accompagnée par le débarquement de près de 270 commandos visant des objectifs secondaires : destruction des ponts, écluses, machineries de la forme-écluse… Avant de repartir par la mer. Des bombardements aériens sont prévus pour faire diversion.
26 février 1942 : Nom de code "Chariot"
Les deux hommes chargés d’organiser le raid sont nommés. Sur terre, le lieutenant-colonel Charles Newman, et sur mer, le capitaine de frégate Robert Ryder.
Le raid est baptisé opération Chariot en référence à l’héroïne populaire britannique Boadicée. Cette reine celte qui s’opposa aux légions romaines est souvent représentée debout sur son char, chariot en anglais.
2 mars 1942 : Cheval de Troie
Lancé en 1919, le vieil HMS Campbeltown est sacrifié. Pour s’affranchir du chenal et éviter les défenses côtières, le destroyer est allégé. L’armée le « maquille » en navire allemand. Plusieurs tonnes d’explosifs sont cachées dans sa proue.
18 vedettes rapides sont mises à disposition pour le débarquement et le rembarquement des commandos. Plus de 600 hommes s’apprêtent à participer à l’opération Chariot.
26 mars 1942 : En route pour Saint-Nazaire
La flottille quitte Falmouth pour une traversée de 700 km. Composée de 19 navires, elle se fait passer pour la 10e flottille de recherche anti-sous-marine. Accompagnée par deux torpilleurs et un sous-marin, elle fait mine de descendre plein Sud pour masquer sa véritable destination. Le stratagème fonctionne, le lendemain à 7h30, un U-boot avertit que la flottille se dirige vers Gibraltar.
27 mars 1942 - 22 h 15 : L’entrée dans l’estuaire
La flottille arrive à l’embouchure de l’estuaire et adopte sa formation d’attaque. À 23h30, pour faire diversion, la Royal Air Force bombarde la ville. Les défenseurs allemands scrutent le ciel permettant à la flottille d’entrer dans cette zone de tous les dangers. Les hommes prennent leur poste de combat.
28 mars 1942 - 1 h 15 : Dernière ruse
Les navires sont repérés à la pointe de l’Ève. Les Britanniques se font passer pour des Allemands grâce à des codes morses récemment volés. Ils gagnent de précieuses minutes.
Arrivée à la pointe de Villès-Martin, la flottille refuse l’ordre ennemi de s’arrêter. La supercherie est révélée, les batteries côtières ouvrent le feu. Le Campbeltown riposte et hisse le pavillon britannique.
28 mars 1942 - 1 h 34 : « 4 minutes de retard »
Les derniers nœuds marins sont particulièrement violents. Un rescapé estime que les trois-quarts des hommes sont blessés sur le pont du Campbeltown. Dans le reste de la flottille, la situation est dramatique, les morts et les blessés s’accumulent. Sur les 18 vedettes qui accompagnent le Campbeltown, seules 4 rentreront en Angleterre.
Malgré la nuit, la difficulté d’accès, les tirs et l’éclat des projecteurs, le commandant Sam Beattie parvient à éperonner la porte d’accès de la forme-écluse Joubert avec son navire. Il regarde sa montre et dit : « Eh bien, nous y voilà. Avec quatre minutes de retard ». L’opération terrestre peut commencer.
28 mars 1942 - 1 h 40 : Commando sur Saint-Nazaire
Les commandos débarquent, beaucoup moins nombreux que prévu. Près de la moitié de ces hommes a déjà été tuée, blessée ou n’a pas pu accoster. Les rescapés sont divisés en 3 groupes. Ils se partagent la neutralisation des infrastructures portuaires et militaires et la sécurisation du lieu de rembarquement.
Après avoir rempli une partie de leurs objectifs malgré leur faible nombre, ils parviennent au point de rassemblement près du Vieux Môle autour de 2 h 45. La situation est terrible, le lieu est toujours aux mains des Allemands et les vedettes d’évacuation ne sont pas là. Trop vulnérables, elles ont été coulées ou contraintes à faire demi-tour.
28 mars 1942 - 3 h 00 : Changement de plan
Le pont levant devient le dernier espoir des commandos pour fuir la ville. Dans un assaut désespéré, ils traversent la place du Bassin, complètement à découvert. Tous manquent de munitions et sont épuisés, la plupart sont blessés. Ils se cachent.
À l’aube, la majorité ont été tués ou faits prisonniers. Sur la centaine de commandos qui tentent leur chance ce soir-là, seulement 5 parviendront à rejoindre l’Angleterre.
28 mars 1942 - 10 h 34 : Tic-tac, tic-tac
Prévu tôt le matin, le déclenchement des explosifs se fait attendre. Prisonniers, les commandos sont consternés. Les militaires allemands investissent les quais et l’épave. À 11 h 34, heure française, l’impressionnante explosion retentit jusqu’à La Baule. Elle tue une centaine de soldats allemands.
La forme-écluse est hors-service, sa porte d’accès entièrement détruite. L’occupant est abasourdi, les Britanniques ont frappé au cœur de son système de défense.
30 mars 1942 : Les Nazairiens sous pression
Deux jours après l’événement, le calme semble revenu mais la tension reste palpable.
À 16 h et à 17 h, deux explosions retentissent dans l’entrée Est. Les soldats allemands, persuadés que des Nazairiens se sont alliés aux Britanniques pour organiser ce double attentat, s’en prennent violemment à la population. Ils menacent d’exécuter un dixième des habitants du Vieux Saint-Nazaire, soit 200 personnes, en représailles.
« L’attentat » est en réalité l’explosion de deux torpilles à retardement lancées dans la nuit du 28 mars par une vedette britannique.
31 mars 1942 : Évacuation du Vieux Saint-Nazaire
Les Allemands ne mettent pas à exécution leurs représailles mais expulsent 750 habitants du Vieux Saint-Nazaire. Ils sont transportés au camp de La Touchelais près de Savenay. Trois jours plus tard, ils sont autorisés à revenir pour récupérer leurs principaux biens avant d’être expropriés.
Une partie du quartier est rasée pour faciliter la défense de la zone portuaire.
Avril 1942 : L’heure du bilan
Des deux côtés, la propagande s’empare de l’événement. Côté britannique, l’opération est un succès. L’objectif de mise hors service de la forme-écluse est atteint, le raid redonne espoir à la population et humilie la défense ennemie. Sur les 620 participants estimés, 171 sont morts et près de 232 sont faits prisonniers. De nombreux membres du raid sont enterrés au cimetière militaire de La Baule-Escoublac géré par la Commonwealth War Graves Commisssion*.
Côté allemand, la presse évoque un débarquement raté, une opération aux pertes colossales pour l’attaquant et une forteresse militaire restée imprenable. Ils perdent cependant 150 à 200 hommes.
Les Nazairiens sont les victimes collatérales de l’opération. Du 28 au 31 mars, ils sont une vingtaine à perdre la vie, par balles perdues ou par exécution.
*La CWGC gère et entretient plus de 3 000 cimetières et mémoriaux sur le sol français et entretient la mémoire et les sépultures d’un demi million d’hommes et de femmes issus des forces du Commonwealth (Grande-Bretagne, Canada, Nouvelle-Zélande, Australie, Inde et Afrique du Sud) tombés dans l’exercice de leur fonction en France pendant les deux guerres mondiales.
Mai 1943 : Victoire sur l'Atlantique
C’est au tour des Alliés d’affirmer leur domination sur l’océan Atlantique. En un mois, ils font perdre à la Kriegsmarine autant de U-Boote que sur toute l’année 1941. La bataille de l’Atlantique tourne définitivement en leur faveur. Les attaques allemandes continueront cependant jusqu’à la fin de la guerre.
5-6 juin 1944 : D-Day
Alors que les raids britanniques ont forcé l’armée allemande à stationner des troupes depuis les fjords norvégiens jusqu’au golfe de Gascogne, les forces alliées débarquent en Normandie.
Techniques, matériel, savoir-faire, combinaison des forces aériennes, terrestres et maritimes… L’expérience des opérations commandos britanniques apporte des données qui se révèleront précieuses pour la réussite du plus grand débarquement de l’histoire.
12 novembre 1944 : La fin du Tirpitz
La Royal Air Force bombarde le Tirpitz. Le cuirassé allemand est durement touché, il chavire.
Contrairement à ce que craignait Churchill, Hitler semble ne jamais avoir envisagé de l’envoyer sur l’Atlantique, échaudé par la perte du Bismarck. Basé en Norvège, il servit d’élément dissuasif et de forteresse flottante pour contrôler l’Arctique.
1978 : Un vestige sorti de l’estuaire
Lors d’une opération de dragage, des employés du port autonome sortent un canon de 76 mm des alentours de la forme-écluse Joubert. Identifié comme celui du Campbeltown, il est transformé en monument et inauguré le 28 mars 1980.
Depuis 2017, le monument aux morts est installé près du vieux môle et le canon sur le toit de l’écluse fortifiée.